Si l’on peut dire de Robert Demontigny qu’il porte beau et chantonne agréablement, il n’a certainement pas la dégaine d’Elvis, et il est en retard de quatre ans quand il ressert Kiss Me Quick en français:

Un baiser de toi n’en est pas moins en 1965 un immense succès (six semaines au numéro un!), que le jeune Verdunois enregistre tout de suite après le tabac d’Eso Beso.

Paradoxe de l’époque dans nos radios: Un baiser de toi et Donnez-moi des roses (Fernand Gignac) partagent les ondes avec le Mr. Tambourine des Byrds et le Ticket To Ride des Beatles, sans oublier le Fume fume fume des Excentriques et le Blue Jeans sur la plage des Hou-Lops.

Les chanteurs de charme impeccables à la Demontigny et les jeunes chevelus «qui ont l’air de filles» se côtoient à Jeunesse d’aujourd’hui comme au Ed Sullivan Show.

Robert Demontigny et Denis Pantis s’associeront d’ailleurs pour lancer l’étiquette Télédisc: Demontigny, même à la mi-vingtaine, est un monsieur, un homme mûr qui comprend comme Pantis ce qu’est une carrière. Les Cyniques – encore eux – se moqueront d’autant du charmeur au sourire Pepsodent: «Un baiser de toi me fait mourir / Si tu t’lavais les dents ça s’rait moins pire…»